Les risques de la pollution de l'air sur les femmes enceintes

Tant pour les femmes enceintes que pour le fœtus en pleine croissance, l’exposition à la pollution de l’air comporte de nombreux risques pour la santé. De nombreuses études se sont concentrées sur ce sujet, et les résultats sont effrayants : la pollution de l’air peut entraîner de graves conséquences à la naissance. Quels sont les risques posés par une mauvaise qualité de l’air sur le développement du fœtus et la santé maternelle ? Comment les femmes enceintes peuvent-elles se protéger, ainsi que leurs enfants à naître, de ses effets néfastes ? Continuez à lire pour en savoir plus.

Sources de pollution de l'air pour les femmes enceintes

Sources de pollution de l’air intérieur pour les femmes enceintes

La pollution de l’air a de nombreuses sources à l’intérieur qui ont non seulement un impact sur les femmes enceintes et la santé du fœtus, mais également sur toute personne vivant dans cet espace. Certaines des sources les plus courantes comprennent :

• Fumée de cigarette (y compris fumée secondaire et tertiaire)
• Cuisiner ou réchauffer des plats avec des poêles à gaz naturel ou à bois
• Utiliser des produits contenant des composés organiques volatils (COV) comme des assainisseurs d'air ou des parfums, des aérosols, des produits de nettoyage, des produits utilisés pour des projets de bricolage comme des adhésifs et des peintures, et des pesticides, pour n'en nommer que quelques-uns
• Les nouveaux meubles libèrent des COV, notamment du formaldéhyde, un cancérigène connu pour l'homme, pendant une durée pouvant aller jusqu'à deux ans
• Allumer des bougies ou de l'encens
• Les matériaux utilisés pour la construction de votre bâtiment ou de votre maison libèrent des produits chimiques sur une longue durée qui peuvent conduire au « syndrome des bâtiments malsains ».
• C'est à ce moment-là que les personnes vivant ou travaillant dans un bâtiment particulier tombent malades, souvent à cause d'un manque de ventilation
• Allergènes aéroportés comme les poils et les squames d'animaux, la poussière et les acariens, ainsi que les moisissures et leurs spores

Sources de pollution de l’air extérieur pour les femmes enceintes

La pollution de l’air ambiant a une multitude de sources et peut avoir des effets négatifs sur la santé. Cela inclus :

• Les émissions des routes à proximité causées par les véhicules essence et diesel
• Les centrales électriques ou autres émissions industrielles
• Les utilisations de pesticides sur les terres agricoles
• Les feux de forêt ou pratiques agricoles sur brûlis
• La poussière des chantiers
• Les allergènes comme le pollen

Les polluants atmosphériques pénètrent généralement dans l’organisme par inhalation, plus précisément dans les poumons. Une fois inhalées, en raison de leur petite taille, ces fines particules sont capables de se déplacer dans les poumons et dans la circulation sanguine. C’est à ce moment-là qu’ils ont accès à d’autres organes du corps comme le cerveau et le cœur, ce qui fait des ravages sur la santé générale.

Quels sont les risques pour la santé liés à la pollution de l’air intérieur et environnemental chez les femmes enceintes ?

Un certain nombre d'études se sont concentrées sur les effets négatifs de la pollution de l'air sur la santé des femmes enceintes et sur le développement du fœtus. Les résultats ont démontré que l'exposition à la pollution de l'air intérieur, le fait de vivre en milieu urbain ou d'être exposé à la fumée de cigarette sont les facteurs de risque les plus importants.

Naissance prématurée

Selon une étude réalisée en 2017 par le Stockholm Environment Institute (SEI), 2,7 millions de bébés naissent chaque année avant terme en raison de l'exposition à la pollution de l'air intérieur et environnemental. « Prématuré » est le terme utilisé lorsqu’un bébé naît à 37 semaines de gestation ou plus tôt. Cela équivaut à environ 18 % de toutes les naissances prématurées. L’exposition à la pollution aux particules fines, en particulier les PM2.5, expose les femmes enceintes au risque le plus élevé¹.

Une autre étude de recherche réalisée en 2019 a révélé une corrélation entre les niveaux de pollution de l’air et le travail prématuré. Le travail prématuré peut entraîner de nombreux autres problèmes pour un bébé en pleine croissance, notamment un sous-développement des poumons et la mort du bébé pendant l'accouchement ou peu de temps après. L’étude s’est principalement concentrée sur les dangers de l’ozone, du dioxyde de soufre, de l’oxyde d’azote et du dioxyde d’azote, toutes substances régulièrement présentes dans l’air pollué².

Faible poids à la naissance

Une autre analyse réalisée en 2013 a révélé que la présence de dioxyde d'azote dans l'air est un facteur de risque de faible poids à la naissance chez un nouveau-né.

La diminution de la pollution atmosphérique lors des Jeux olympiques de Pékin en 2008 a eu un impact intéressant sur le poids à la naissance. Pékin, l’une des villes les plus polluées au monde, a connu une réduction de la pollution atmosphérique grâce aux efforts visant à réduire les niveaux de pollution lors de l’accueil des Jeux olympiques de 2008. Lors des Jeux olympiques d'été de Pékin, les femmes qui en étaient à leur huitième mois de grossesse ont donné naissance à des bébés dont le poids à la naissance était en moyenne 23 g plus lourd que les bébés nés aux mêmes dates en 2007 ou 2009³. Des poids à la naissance plus élevés ont donc été associés à une diminution de concentrations de polluants atmosphériques.

Risques pour le placenta

Lorsqu’une femme est exposée à des niveaux élevés de contaminants aéroportés pendant la grossesse, ces substances peuvent traverser le placenta. En 2018, une étude menée auprès de nouvelles mamans à Londres a découvert de petites taches noires sur leur placenta. On pense que ces points noirs sont de minuscules particules de carbone inspirées de l’air qui se sont ensuite retrouvées piégées à l’intérieur des cellules du placenta⁵.

Certains facteurs peuvent avoir une incidence sur la gravité des effets de la pollution atmosphérique sur la santé du fœtus, notamment :

• Au cours de quelle étape du développement le bébé a été exposé
• La durée et la quantité d’exposition
• Le polluant spécifique auquel le bébé est exposéd² 

La vascularisation du placenta est également un effet courant de l’exposition à la pollution atmosphérique.

Effets sur la tension artérielle

Une étude menée en Pennsylvanie, aux États-Unis, a démontré que lorsqu'une femme enceinte est exposée à des niveaux élevés de polluants de l'air intérieur et/ou environnemental au cours du premier trimestre de sa grossesse, cela entraîne un risque accru de problèmes de santé tels que la prééclampsie et l’hypertension artérielle⁴. Ces deux conditions sont dangereuses pour le parent et le bébé, nécessitant potentiellement un accouchement précoce.

Fausse couche /mortinaissance

Une étude de recherche supplémentaire réalisée en 2020 a révélé que les femmes enceintes exposées aux particules fines (PM), au monoxyde de carbone (CO) et à la fumée de cuisine peuvent entraîner un risque accru de fausse couche et de mortinatalité. Les PM10 tout au long de sa grossesse peuvent entraîner un risque plus élevé de fausse couche, tandis que l'exposition aux PM2.5 et PM10 tout au long du troisième trimestre peut augmenter le risque de mortinatalité⁵. 

Malheureusement, les risques de pollution atmosphérique ne touchent pas toutes les populations de la même manière. Non seulement les groupes à faible revenu et les minorités ont tendance à vivre plus souvent dans des zones polluées, mais d’autres facteurs de risque aggravent les effets de la pollution atmosphérique. Certains de ces facteurs incluent le manque d’accès aux soins prénatals de qualité, à de la nourriture et/ou à un logement. Les femmes enceintes, les nouvelles mamans , ainsi que leurs nourrissons et enfants vivant dans ces conditions courent un risque beaucoup plus élevé de subir des effets néfastes sur la santé dus à la pollution de l’air.

Impact sur la fertilité

Une revue systématique réalisée en 2018 a analysé la littérature scientifique disponible sur plusieurs bases de données scientifiques. La revue a publié les conclusions suivantes :

• Les femmes qui subissent des traitements de fécondation in vitro (FIV) connaissent un taux de natalité vivante réduit lorsqu'elles sont exposées au dioxyde d'azote et à l'ozone, deux polluants courants de l'air extérieur.
• Dans la population générale, l'exposition aux PM2.5 et PM10 entraîne une baisse de la fécondabilité.
• L'exposition au dioxyde de soufre, au dioxyde d'azote et au monoxyde de carbone entraîne des taux plus élevés de fausses couches et de mortinatalité.⁶

Autisme

L'Université de Harvard a publié une étude en 2021 avec des résultats spectaculaires concernant le lien entre l'exposition à la pollution de l'air et les taux d'autisme dus à l'exposition pendant et après la grossesse.

L’étude a observé que l’exposition à des niveaux de 10 microgrammes de PM2.5 par mètre cube d’air pendant la petite enfance entraînait une augmentation de 64 % du risque de troubles du spectre autistique (TSA). Un risque accru de 31 % a été signalé lorsque l’exposition a eu lieu pendant les périodes prénatales, le risque le plus élevé étant au cours du troisième trimestre⁷.

Asthme

Le lien entre l’exposition à la pollution atmosphérique et l’asthme est bien documenté. Comme mentionné ci-dessus, étant donné que la pollution de l’air pénètre dans le placenta, l’exposition aux polluants atmosphériques dans l’utérus augmente le risque d’impact sur les poumons de l’enfant. Plus précisément, cela augmente le risque que le nourrisson ou l’ enfant développe de l’asthme plus tard dans sa vie.

L’asthme maternel peut avoir de graves conséquences sur la santé des poumons du bébé à naître. Les femmes enceintes asthmatiques et exposées à des niveaux plus importants d’oxyde d’azote et d’oxyde de soufre courent un risque plus élevé de prééclampsie au cours de leur premier trimestre. Au cours du deuxième trimestre, le risque est 10 % plus élevé, surtout en cas d'exposition au monoxyde de carbone. Des résultats similaires ont été rapportés selon une étude de 2016 sur l’exposition aux COV pendant la grossesse^8,9.

Autres impacts sur la santé après la naissance

Les effets de la pollution de l’air continuent de nuire au nourrisson ou à l’enfant au fur et à mesure qu’il grandit. Certaines études soulignent un risque accru d’obésité et d’autres impacts sur la santé⁹. Apprenez-en davantage sur les effets de la pollution de l’air sur les nourrissons et les enfants ici.

Comment les femmes enceintes peuvent-elles protéger leur santé et celle de leur bébé des dangers de la pollution atmosphérique ?

Une façon pour les femmes enceintes de se protéger elles-mêmes et de protéger leur enfant à naître des dommages causés par la pollution de l'air est de rester bien informées sur la qualité de l'air là où elles vivent. En France, il existe un site qui permet aux résidents de suivre l'état de la qualité de l'air chaque jour. Vérifiez régulièrement pour comprendre les tendances de la pollution de l’air dans votre région : https://aqicn.org/map/france/fr/. Lorsque la qualité de l’air est mauvaise, les femmes enceintes, les nouvelles mamans, ainsi que leurs nourrissons et enfants (et toute autre personne à haut risque) doivent éviter autant que possible de sortir à l’extérieur. Un autre moyen utile d’éviter les effets nocifs de la pollution de l’air consiste à éviter tous les types de fumée, en particulier la fumée de cigarette.

Parfois, l’exposition à la pollution atmosphérique échappe à notre contrôle. La pollution de l’air extérieur est souvent piégée à l’intérieur, ce qui rend nos maisons et nos lieux de travail 2 à 5 fois plus pollués qu’à l’extérieur. Ces chiffres peuvent atteindre jusqu'à 100 fois plus de pollution lorsque des produits polluants sont utilisés à l'intérieur. La meilleure façon d’éviter la pollution de l’air intérieur est d’investir dans un purificateur d’air et de l’installer.

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Sources

¹ Malley, C. S., Kuylenstierna, J. C. I., Vallack, H. W., Henze, D. K., Blencowe, H., & Ashmore, M. R. (2017). Naissance prématurée associée à l'exposition maternelle aux particules fines : une évaluation mondiale, régionale et nationale. Environment International, 101, 173–182. doi:10.1016/j.envint.2017.01.023

² MediLexicon International. (29 octobre 2020). Pollution de l’air et issues de grossesse : quels sont les effets ? Medical News Today. Disponible sur https://www.medicalnewstoday.com/articles/air-pollution-and-pregnancy-outcomes#air-pollution-and-pregnancy 

³ Yang J, Chen X et Yamamoto Y (2023) Les 28 derniers jours : exposition prénatale à la pollution de l’air et résultats anthropométriques des enfants, Journal of Environmental Management, 10.1016/j.jenvman.2023.118289, 342, (118289), Online publication date: 1-Sep-2023.

⁴ Lee PC, Roberts JM, Catov JM, Talbott EO, Ritz B. Exposition au cours du premier trimestre à la pollution de l'air ambiant, aux complications de la grossesse et aux issues défavorables à l'accouchement dans le comté d'Allegheny, Pennsylvanie. Matern Child Health J. 2013 Apr;17(3):545-55. doi: 10.1007/s10995-012-1028-5. PMID: 22544506; PMCID: PMC3636771.

⁵ Grippo A, Zhang J, Chu L, Guo Y, Qiao L, Zhang J, Myneni AA, Mu L. Exposition à la pollution de l’air pendant la grossesse, l’avortement spontané et la mortinatalité. Rev Environ Health. 2018 Sep 25;33(3):247-264. doi: 10.1515/reveh-2017-0033. PMID: 29975668; PMCID: PMC7183911.

⁶ Conforti A, Mascia M, Cioffi G, De Angelis C, Coppola G, De Rosa P, Pivonello R, Alviggi C, De Placido G. Pollution de l’air et fertilité féminine : une revue systématique de la littérature. Reprod Biol Endocrinol. 2018 Dec 30;16(1):117. doi: 10.1186/s12958-018-0433-z. PMID: 30594197; PMCID: PMC6311303.

⁷ Lin, C.-K., Chang, Y.-T., Lee, F.-S., Chen, S.-T., & Christiani, D. (2021). Association entre l'exposition aux particules ambiantes et les risques de troubles du spectre autistique chez les enfants : une revue systématique et une méta-analyse exposition-réponse. Environmental Research Letters, 16(6), 063003. doi:10.1088/1748-9326/abfcf7

⁸ Mendola P, Wallace M, Liu D, Robledo C, Mӓnnistӧ T, Grantz KL. Exposition à la pollution atmosphérique et prééclampsie chez les femmes américaines avec et sans asthme. Environ Res. 2016 Jul;148:248-255. doi: 10.1016/j.envres.2016.04.004. Epub 2016 Apr 15. PMID: 27085496; PMCID: PMC4874861.

⁹ Horsager-Boehrer, R. (2019, October 15). 4 conseils pour réduire les risques de pollution de l'air pendant la grossesse : Votre grossesse compte : centre médical du sud-ouest de l'UT. Your Pregnancy Matters. Disponible sur https://utswmed.org/medblog/4-tips-reduce-air-pollution-risks-during-pregnancy/